PARIS DANS LA COURSE
Serons-nous prêts ? Telle est la question qui taraudait la presse nationale en… 1924, dans un Paris livré à tous les paris du monde… Cette année-là, les Jeux Olympiques d'été de 1924, officiellement nommés Jeux de la VIIIe Olympiade, sont la septième édition des Jeux Olympiques modernes. « Les Jeux Olympiques ne sont pas des championnats du monde. Ils sont plus. Nous les entourons d’une certaine religiosité athlétique pour que l’idée vive » assure alors d’ailleurs le Baron Pierre de Coubertin, considéré par le Petit Journal comme « le Président de la République des Sports ». Un siècle plus tard, voici à nouveau la capitale lancée dans la course, alors qu’une fois n’est pas coutume, les semaines de défilés de prêt-à-porter masculin Printemps-Été 2025 et la Semaine de la Haute Couture 2024/2025 se chevauchent.
Le marathon culturel
Voilà en effet plus d’un an que La Fédération de la Haute Couture et de la Mode travaille en étroite collaboration, avec le ministère de la Culture, la Préfecture de Police, la Ville de Paris, le Comité d’Organisation aux Jeux Olympiques et Paralympiques (COJO) et la Délégation Interministérielle aux Jeux Olympiques et Paralympiques. Ainsi, la première décision du Comité Exécutif a été, d’avancer d’une semaine, à la demande de la Préfecture de Police, la Semaine de la Haute Couture, afin que celle-ci soit achevée avant le 1er juillet, un mois avant les Jeux Olympiques (du 26 juillet et au 11 août 2024).
En attendant, à chacun d’enfiler ses sneakers pour affronter le marathon culturel proposé par la capitale sur le thème du sport et de la mode. (Voir encadré ci-dessous). Jusqu’au 5 janvier 2025, le Palais Galliera dévoile La Mode en mouvement #2. Avec plus de 250 nouvelles œuvres présentées au cours de ce deuxième accrochage, l'exposition retrace, à travers les collections du musée, une histoire de la mode du XVIIIe siècle à nos jours et développe la thématique transversale du corps en mouvement. Tandis que la BnF consacre une exposition à l’histoire du sport féminin en France depuis la fin du XIXe siècle, un dialogue entre les athlètes et l’art est proposé au Grand Palais. C’est sans compter le parcours Art et Sport proposé par le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, l’éclairage fait par Le Musée Marmottan sur des peintres impressionnistes autour de leur passion pour le rugby, le cyclisme ou l’aviron… Des médailles olympiques à l’emblématique malle courrier de Louis Vuitton, la liste des expositions donne à elle seule le vertige.
« Unlock the Outdoor for everyone »
Au MAD, 450 pièces de vêtements et accessoires, photographies, croquis, magazines, affiches, peintures, sculptures, vidéos ont déjà mis en lumière l’évolution du vêtement sportif et son influence sur la mode contemporaine. Jean Patou, Jeanne Lanvin, Gabrielle Chanel, Elsa Schiaparelli font partie des pionniers qui, pendant l’entre-deux-guerres, s’intéressent à l’univers sportif et le retranscrivent dans leurs créations de haute couture. La mode doit au sport nombre de grands classiques : la chemise Lacoste (1933), et bien sûr l’utilisation du jersey par Gabrielle Chanel, font figure de pionniers. Et le mot « sportswear » qu’on retrouve dans la presse dès 1928, puis celui de casual wear, popularisé par Ralph Lauren, Calvin Klein, Tommy Hilfiger, témoignent de cette influence durable et si contemporaine. Avec pour parfaire cette envie débridée de mouvement extrême, d’innombrables collabs (dont New Balance et Issey Miyaké), et une montée en flèche de la tendance « plein air », post covid oblige : « Unlock the Outdoor for everyone » lance Columbia, pour le plus grand plaisir d’une Gen Z fascinée par le frisbee, le skate surf ou le stakeboard. Sans oublier le retour annoncé du bestiaire athlétique, du crocodile Lacoste version XL au Coq Sportif, qui collabore avec Stéphane Ashpool, fondateur de la marque Pigalle Paris, pour les tenues olympiques des équipes françaises. En tout, 150.000 articles ont été prévus, dont 85.000 pour la compétition et 65.000 en direction du village olympique. Un bel hommage au créateur de la marque créée en 1882, par Émile Camuset, à Romilly-sur-Seine dans l’Aube…Dans son atelier de textile, ce passionné décida de confectionner des maillots jersey pour ses amis cyclistes, footballeurs et rugbymen. Les grands magasins ne sont pas en reste : ainsi, « la Samaritaine se prend au jeu » ; l’évènement permet de « renvoyer la balle aux fondateurs » Ernest Cognacq et Marie Louise Jay, qui avaient ouvert la première salle de sport dédiée aux employés du magasin (1930).
Cocorico
A Paris, certaines dates fixent à elles seules des repères : on pense au défilé spectacle d’Yves Saint Laurent au Stade de France pour l’ouverture de la Coupe du monde de football en 1998, au partenariat signé par Dior avec le Paris Saint Germain, une première du genre pour la maison de couture (2021), et l’annonce en 2023 du contrat de partenariat entre LVMH et Les Jeux Olympiques. En 2024, c’est dans une malle Louis Vuitton que la Torche Olympique a été révélée à Marseille, avant de passer dans les mains de 10 000 porteurs. Aux malles torches s’ajoutent les malles médailles habillées de la légendaire toile Monogram, et dont le poids, 100 kilos triplera lors qu’elle sera garnie de 489 trophées radieux. C’est ainsi que l’Histoire prend son envol. Berluti, habilleur des cérémonies d’ouverture et de clôture, a réalisé 1500 tenues. Question d’allure, affaire de griffe. Le mot de la fin ? Il revient sans doute à un artiste, Philippe Decouflé, à l’honneur au CNCS de Moulins, dans un flash-back haut en couleur, évoquant les J.O d’Albertville en 1992 : « Je n’aime pas faire de l’artificiel, j’ai besoin de beauté, j’ai besoin de pleurer lorsque je fais quelque chose. Je veux être touché et toucher les gens. Avec les Cérémonies des Jeux Olympiques, on changeait d’échelle, de dimensions certes. Mais il était important de garder en tête ce besoin d’émotion… Même dans un stade ».
ON COURT VOIR…
En jeu ! Les artistes et le sport (1870-1930)”, jusqu’au 1er septembre 2024 au musée Marmottan Monet, Paris 16e. https://www.marmottan.fr/expositions/en-jeu/
Kenzo Tange-Kenzo Kuma, architectes des Jeux de Tokyo, jusqu’au 29 juin 2024 à la maison de la culture du Japon à Paris. https://www.mcjp.fr
La Malle Courrier - Louis Vuitton et le sport”, jusqu'en décembre 2024 à la Maison de famille de Louis Vuitton, 92600 Asnières-sur-Seine. https://la-galerie-louisvuitton.seetickets.com/timeslot/malles-courrier?lang=fr-FR
La mode en mouvement#2”, jusqu'au 5 janvier 2025 au Palais Galliera, Paris 16e. https://www.palaisgalliera.paris.fr/fr/expositions/la-mode-en-mouvement
D’or, d’argent et de bronze, une histoire de la médaille Olympique, Monnaie de Paris, juqu’au 22 septembre 2024
https://www.monnaiedeparis.fr/fr/exposition-or-argent-bronze-medailles-olympiques
« Match. Design & Sport”, exposition jusqu’au 11 août 2024 au musée du Luxembourg, Paris 6e. https://museeduluxembourg.fr/fr/agenda/evenement/match
L'olympisme. Une invention moderne, un héritage antique” n jusqu'au 16 septembre 2024 au musée du Louvre, Paris 1er. https://www.louvre.fr/expositions-et-evenements/expositions/l-olympisme
Olympisme, une histoire du monde ; jusqu'au 8 septembre 2024 au Palais de la Porte Dorée, Paris 12e. https://www.palais-portedoree.fr/programmation/expositions/olympisme-une-histoire-du-monde
Il était une fois les stades” et “Mini Maousse 9. Quand la ville se prend au jeu”, jusqu'au 16 septembre 2024 à la Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris 16e.
https://www.citedelarchitecture.fr/fr/agenda/exposition/il-etait-une-fois-les-stades
“Planète(s) Découflé”, jusqu’au 5 janvier 2025 au Centre national du costume et de la scène, Moulins 03000.
https://cncs.fr/a-visiter/planetes-decoufle/
André Steiner, le corps entre désir et dépassement, MAHJ, jusqu’au 22 septembre 2024
https://www.mahj.org/fr/programme/andre-steiner-le-corps-entre-desir-et-depassement-30897
La Samaritaine se prend au jeu, jusqu’au 8 septembre 2024 https://www.dfs.com/fr/samaritaine?gad_source=1&gclid=EAIaIQobChMIhuu6uI2fhgMV96hoCR2HRgxvEAAYASAAEgIJZfD_Bw