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DRIES VAN NOTEN PRINTEMPS-ÉTÉ 2025

Inspirations, Focus

L’esprit de la lumière

Plus de 1000 invités étaient réunis rue des usines Babock, à la Courneuve. Dans un vaste hangar où déambulaient garçons servant coupes et appétizers, une projection d’images révéla préparatifs à Anvers, coulisses des défilés. Le premier fut organisé à Paris en 1991 et celui du 22 juin 2024 allait conclure une ère : n’était-il pas le 129ème ? Le rideau noir s’ouvrit à 21H30 dans l’effervescence, avec un set conçu par un fidèle d’entre tous, Etienne Russo (Villa Eugénie), présent dès la première heure : des milliers de feuilles de papier d’argent prêtes à s’envoler sous les pas des mannequins… A ceux qui imaginaient une rétrospective, Dries Van Noten a offert un moment de lumière, évitant tous les pièges de l’auto parodie pour se tourner vers ces jeux d’ombre et d’éclat tour à tour vif et tamisé dont il a le secret. Avec un principe directeur : la ligne associant le clacisssime tailleur à des matières techniques, le mastic, le noir, l’encre à des des jaunes acides et des pêches abricotées, des silhouettes à la fois construites et liquides, futuristes et artisanales, et tellement contemporaines.  

 

« A reflection on contemporary elegance, thinking beyond what has come before. Emphasis on the sartorial fabrication of double and single-breasted suits and coats in softly structured, elongated silhouettes. » Sur David Bowie ou Philip Glass, Dries Van Noten est le seul à pouvoir associer à un pantalon cargo un top d’organza, coupé aussi naturellement qu’une chemise de popeline, à ponctuer d’une touche de rose Manet un gris d’orage, à donner une patine à une broderie d’or pour en faire un fragment de mémoire illuminant la poche d’un pantalon.  

 

Avec lui, le vêtement, qu’il se superpose en grands coupe-vent translucides ou en manteaux cocons, ne s’encombre de rien d’autre que d’une passion pour l’innovation dans la tradition... D’où l’emploi d’une technique traditionnelle japonaise de marbrure datant de 1 000 ans qui consiste à déposer de l'encre sur de l'eau, laquelle est transférée et absorbée par le tissu. C’est ainsi qu’il reprend dans cette collection le thème du « hanabi » (fleur de feu), donnant à ses fleurs très graphiques des airs de feux d’artifice sur un ciel tissé. Chaque pièce est unique et présente des imperfections naturelles.

 

La recherche n’altère jamais la dimension poétique : ces mélanges hybrides de laine et de tissus de plongée, ce polyamide froissé évoquant du verre, c’est une lumière en mouvement, un fluide ondulant entre or et argent. Réservons à ce maestro aux airs d’éternel étudiant  les mots de la fin, comme la promesse renouvelée de la vie : « This is my 129th show; like the previous ones, it looks ahead. Tonight is many things, but it is not a grand finale. I think about how Marcelo Mastroianni once spoke of a paradoxical “Nostalgia del futuro,” beyond the lost paradises imagined by Proust, and how we continue to pursue our dreams knowing that, at some point, we can look back on them with love. I love my job, I love doing fashion shows, and sharing fashion with people. Creating is about leaving something that lives on. My sense of this moment is how it is not only mine, but ours, always.”