HERMÈS PRINTEMPS/ÉTÉ 2025: LES RACINES DU CIEL
Par Laurence Benaïm
Ici, un bomber de cuir sans manches se porte aussi nonchalamment que s’il était en coton. De la ville à la plage, des monochromes aux imprimés équestres comme fondus sur la soie, la matière est souveraine, la couleur ne heurte rien, elle se fond dans l’atmosphère, digne de ces « soirs d’été ramassés dans la voix du tonnerre » de Paul Eluard. La mer est là, omniprésente mais jamais touristiquement envahissante, elle fait souffler sur ces chemises en toile spinnaker et ces blousons à reflets « hydro », le grand air de la liberté. La palette, rose buvard, litchi, biscotte et chocolat, écru, bleu aqua, brume et blanc, étire, dilate, fronce les silhouettes sans les étreindre. Les sweats shirt autant que les chemises à col foulard amovible, les parkas coulissées en toile nuage, renouvellent l’esprit des villégiatures urbaines.
Il y a une forme de grâce chez Véronique Nichanian, à tracer sa route, à garder ce cap, celui de la ligne, des volumes, tout en s’abandonnant à la fraîcheur des alizés, fleurs brodées toucher gomme, surchemises réversibles en toile technique à motif « cavalcade sidérale ». A évoquer l’instant sans jamais perdre le sens du temps. A conjuguer le désir avec la rigueur, la sensualité à la construction, faisant qu’un simple blouson à bord côtes trouve dans l’éternité d’un sac à dessin en veau Barenia, ou un fourre tout Etrivière, l’évidence d’une signature dont le mouvement est inscrit dans ses gênes : Hermès. Une maison nourrie par la complicité de ses collaborateurs et de ses métiers, comme le prouve notamment ici l’intervention de Gregoris Pyrpilis, directeur de création du maquillage Hermès, avec ces impressionnants transferts de motifs équestres sur la peau, dessinés par le studio de prêt à porter masculin.