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PARIS, A TALE OF NEWNESS AND HERITAGE

Inspirations

Par Laurence Benaïm

Si la température baisse, la Fashion Week parisienne organisée du 25 septembre au 3 octobre enfièvre les agendas. 107 maisons inscrites au Calendrier officiel, 67 défilés, 40 présentations : l’été 2024 s’annonce haut en couleurs.  Au Palais de Tokyo, Sphère met à l’honneur la jeune création, avec Benjamin Benmoyal, Florentina Leitner, Lucille Thièvre, Maitrepierre, Rolf Ekroth. On relève des « retours », -comme celui de Carven, Maison Margiela, Mugler. On se donne rendez-vous pour les « premières », notamment celle du vénitien Stefano Gallici, venitien qui a commencé sa carrière à Anvers comme assistant d'Haider Ackermann, et qui présente sa première collection chez Ann Demeulemeester. Nominé parmi les huit finalistes par un jury cinq étoiles - notamment composé de Rihanna, Virgil Abloh, Stella McCartney et J.W Anderson pour le prix LVMH 2020, Charaf Tajer (Casablanca), fait partie, avec Duran Lantink (Pays Bas), KIko Kostadinov  (Royaume-Uni), Marie Adam-Leenarerdt (Belgique), Marni (Italie), Peter Do (Etats-Unis) des nouveaux entrants. « Veste en jean, petite robe noire, polo blanc, j’ai essayé cette saison de partir des classiques de la garde-robe, pour leur donner un « dutch twist », assure le néerlandais Duran Lantink, qui cite volontiers les expressions « hand writing », « uniform », « atelier » à propos de sa collection présentée dans le cadre de Sphère au Palais de Tokyo, et qui clôt la fashion week.  

 

Il est frappant de constater à quel point la rigueur de la coupe, le « sharp tailoring » cher Casey Cadwallader, directeur artistique de Mugler, -qui a fait ses armes chez Derek Lam et Celine- s’impose en majesté. Bravant l’exponentielle croissance de « l’atheisure » il a toujours cru à vêtements bien faits qui « transcendent le temps ». Cette saison marque d’ailleurs l’arrivée de Casey Cadwallader dans le calendrier officiel. 

 

Paris est bien l’écrin et le laboratoire de cette recherche. Défiant le street style, Charaf Tajer a toujours revendiqué à sa manière la « fontaine ardente » du bonheur français chère à Apollinaire. Ses références sont Gabrielle Chanel, Hermès, Yves Saint Laurent, l’architecture autant que la nature. Un retour au beau vêtement, aux imprimés « paradis » pour ce franco-marocain né à Paris en 1984 et qui a conçu sa marque en référence à la ville éponyme : celle où ses parents, Latifah et Mohammed, tous les deux employés dans un atelier de couture, se sont rencontrés. Ils lui ont transmis l’amour du beau métier, des belles matières, des belles coupes. Son grand père, qui a travaillé pendant cinq ans sur les mosaïques du Palais Royal d’Ifrane, au Maroc, lui a révélé à sa manière, le sens de la couleur. 

 

Ce sens de l’exigence, Paris en en a fait sa marque de fabrique, une signature, une forme d’obsession irréductible à une génération ou une autre. Le mot héritage flotte naturellement dans l’air, comme si la transmission s’imposait, de fil en aiguille, et les invités de la Fashion Week pourront à leur guise passer d’un défilé à une exposition « sur mesure ». Dix ans après la grande rétrospective consacrée au couturier au Palais Galliera, Azzedine Alaïa (1935-2017) est de nouveau mis en lumière,  l’exposition « Alaïa couturier et collectionneur » présente, pour la première fois, la collection patrimoniale exceptionnelle réunie par le maître de la coupe au fil du temps. Un extraordinaire parcours rythmé par 140 robes, de Vionnet à Comme des Garçons en passant par la robe Trapèze d’Yves Saint Laurent chez Dior, et qui témoigne d’un double regard. Absolu. Magistral.  A celui d’Azzedine Alaïa s’ajoute celui d’Olivier Saillard, commissaire des deux expositions et directeur de la Fondation Alaïa, redonnant une présence à ces robes longtemps gardées dans des cartons. Celles qu’on retrouve encore à la Fondation Alaia avec ces sublimes jeux de correspondances entre Azzedine Alaia et Madame Grès. Un moment de silence, de beauté pure à s’offrir dans cette capitale qui bruisse de mille et un évènements, lancements, inaugurations, ouvertures et réouvertures de restaurants, anniversaires, autour de cette Fashion Week qui draine non seulement des visiteurs, mais une extraordinaire énergie, dont tout Paris bénéficie.