Haut les Mains : Hubert Barrère (Lesage)
HAUT LA MAIN
Dans son bureau entièrement vitré du 19 M, le directeur artistique de Lesage aime parfois se croire à Amsterdam, avec en bas, les canaux. Son imagination est faite d’émerveillements, de couleurs, de tout ce qui depuis son enfance, contribue à faire de lui ce à quoi l’époque a renoncé : un homme de goût. Qu’il récite de tête une fable de La Fontaine ou s’enchante de la nuance « rose caché » d’un vernis à ongles Chanel, Hubert Barrère compte sur ses mains autant que sur ses yeux pour s’émouvoir. Lesage donc, 400 personnes, 5 départements, avec des clients qui vont de Louis Vuitton à Alaïa et Jacquemus, conquis par cette forme d’exception à la française, l’art de broder. « Mes mains sont des êtres à part entière », aime à dire Hubert Barrère, déclamant par cœur les vers du prologue de Jocelyn (Alphonse de Lamartine) .
Si volubile, l’illusionniste qui fut d’abord brodeur et corsetier, avant d’entrer chez Lesage en 2011 puis de créer des pièces d’exception, des costumes pour la scène, reconnait lui-même : « J’ai dessiné avant de parler. Ou pour ne pas parler ». Dès la petite enfance, les « grandes jardinière » disaient qu’il y avait deux choses pour le calmer, la musique classique, et le papier. Un papier sur lequel il dessine en liberté : « l’esprit guide la main, et tout à tout, elle s’échappe… C’est le moment où l’espace-temps n’existe plus ». Le charme est là, à l’orée d’une saison haute en couleurs offertes à toutes les métamorphoses. Avec des mains dont ce Nantais aime évoquer toutes les possibilités. Enfant, il créait des villages en carton pour y vivre, reconstituait des châteaux avec des boîtes de médicaments. Un rêve devenu réalité pour celui qui « habile, mais pas bricoleur » vient d’acquérir un logis du 15è siècle dans la région d’Angoulême, dont il compte faire une Fondation pour la création, la musique et les Métiers d’Art. A bon enchanteur, salut.