Actualités

Pierre Mahéo, Officine Générale: Marine Rive Gauche

Focus

Sièges en skaï, mosaïques au sol et néons au plafond, c’est au Rouquet, un café du boulevard Saint Germain, où il a ses habitudes quotidiennes, que Pierre Mahéo a choisi de présenter sa collection Officine Générale de l’automne-hiver 2025/2026. Ses propos sont à l’image de son vestiaire, en droite ligne d’un style qui associe à la décontraction rive gauche l’esprit des lignes inspirées par son grand-père tailleur.

Le Rouquet en majesté  

« Ce café n’a pas bougé depuis 1953. Il est de plus en plus rare de trouver ce genre de lieu à Paris, où ce que je préfère, c’est de retrouver, sans nostalgie, l’esprit d’une ville qui m’est si chère. Le Flore, je n’y vais plus depuis Emily in Paris. J’adore le Café la Palette, mais c’était trop petit.  Le Roquet, c’est la troisième génération… J’admire ceux qui travaillent au présent, dans le respect d’une histoire, d’une mémoire. C’est aussi ce que j’essaie de faire avec Officine Générale. Et puis c’est au café où je suis tous les matins, qu’il neige, qu’il vente ou qu’il pleuve, que j’aime observer les gens qui passent. Chaque collection au fond, est une étude anthropologique quotidienne. Celle-ci l’est encore plus. Et c’est aussi ce regard qui m’a poussé dans ce défilé en particulier à modifier le casting, à choisir des hommes de 17 à 65 ans. Pour introduire des attitudes, des caractères, des passés différents qui incarnent cette galerie de portraits »  

Des classiques revisités  

« Une popeline craquante mais pas rêche. Une laine 4 plis, 4 fils. Un prince de Galles avec un fil chiné, le motif disparaît et devient un faux uni. Un chevron irrégulier. Un blouson raglan en cuir ni trop sec ni trop souple. Des cabans plus courts aux revers plus larges, des chinos encore plus larges. Tout ce qui a défilé est dans le show-room le lendemain. Je conçois que je ne fais pas rêver les critiques de mode. Mais je ne suis pas là pour m’inventer des histoires. Je ne présente pas 80 looks pour à la fin, n’en proposer que 4.  Le but du défilé n’est pas de déformer la réalité, mais de la sublimer, en renouvelant des désirs, des envies, une allure. Il est plus facile de mettre un logo sur un vilain tee-shirt que de trouver le bon poids d’un coton.   

L’ADN OFFICINE GENERALE 

Pas de logo, mais des boutons recouverts dans le même tissu.  Une passion obsessionnelle pour le tissu qui doit avoir de l’aplomb sans raideur. Une capacité à proposer plusieurs matières pour le même bleu marine. Un bleu marine comme un étendard : il représente 38% de nos ventes.  

L’inspiration  

Elle est depuis le début liée au vêtement militaire, à sa fonctionnalité, mais également à mon grand-père, tailleur en Bretagne, qui avait deux garde robes, l’une pour l’hiver, l’autre pour l’été. Du lin écru au whipcord gris, il savait particulièrement faire coïncider l’usage et à la matière, le beau dans l’utile.  Il y avait un smoking, et autour c’étaient des nuances, des accessoires, des cravates non doublées en soie pour l’été, et d’autres tricotées pour l’hiver, assorties aux costumes. J’ai toujours aimé ce sens du matching.  

Rive gauche 

L’important c’est d’être juste. Dans ce climat d’incertitude, l’air du temps, nous pousse moins à faire plus qu’à faire mieux. Officine Generale, ce sont 14 boutiques dans le monde, la 14è à Pacific Palisades est fermée depuis les incendies qui ont ravagé Los Angeles. C’est un bonheur d’être à Paris, d’y vivre, d’y travailler. On s’adapte, on s’y donne la liberté de pouvoir exprimer ce que nous sommes.  

 

Propos recueillis par Laurence Benaïm.