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Victor Weinsanto

Interviews, Inspirations, Focus

« Transformer le chagrin en beauté »

Dans quel état d’esprit avez-vous envisagé cette collection ? Ses matières ? Ses couleurs ? 

Au départ, il s’agissait d’un hommage à Daphné Guinness, l’une des premières à m’avoir soutenu, en septembre 2020. C’est une icône qui est toujours sur mes moodboards. Et puis, en étant honnête, en octobre, j’ai vécu la perte de quelqu’un de très cher, Romain Eugène, artiste peintre photographe, créateur de 35 37. C’est une façon pour moi de réaliser un deuil. Cette collection est un peu spéciale, elle n’est pas hyper gaie, mais c’est comme un passage, une acceptation, un cycle. Du coup, j’ai utilisé beaucoup de dentelle, qui faisait écho à une veuve noire, avec des touches de couleurs vives, comme des lueurs d’espoir et d’optimisme. Je voulais honorer des émotions qui peuvent être de l’ordre de la tristesse. Disons que c’est une rencontre entre Daphné Guinness et Cindy Lauper. 

Le look majeur ? 

Une robe de mariée drapée et sculptée, sur le thème de la sorcellerie et de Médusa. 

Comment définir l’ADN WEINSANTO ? 

Il y a toujours du « drama », que ce soit dans le drôle, le triste. J’aime ce côté théâtral. J’aime bien cette formule « second degré ». J’aime jouer avec l’humour.  Weinsanto, c’est le cabaret, aussi la construction, le contraste entre les caractères, de l’ultra sexy, à l’ultra opulent. Ne pas craindre les exagérations, des volumes, de la prise de l’espace. J’aime le côté très visuel, graphique. Il y a quelque chose d’architectural dans les proportions. Multiplier les grands écarts, entre le corset et l’extra large, associer les deux ensembles. 

Et Lady de Weinsanto?  

C’est le nom de mon chien, un cavalier King Charles (le chien de la Belle et le Clochard), que je viens d’adopter. 

Vous avez créé votre marque en 2020 comment mesurez-vous le chemin parcouru ? Qu’avez-vous appris ? 

J’ai appris que j’étais tenace. Comme Jeanne Friot, Alphonse Maitrepierre, Kevin Germanier ou Charles Vilmorin, on a eu de la chance d’avoir reçu de la lumière, de l’aide, du soutien.  Je me sens très reconnaissant très chanceux. On a pris aussi conscience du chemin à parcourir. Ma chance c’est de pouvoir jouer, de continuer à créer. 

Qu’en est-il de la dimension éco responsable de cette collection en particulier ? 

On est toujours content de travailler avec Nona Source. 70% de la collection vient de stock dormant. Sophie Hallette nous a donné de la dentelle de seconde main qui nous permet d’avoir des belles pièces en collection. 

Comment avez-vous conçu le défilé ? 

Je ne savais pas où j’allais. J’ai cherché à rendre hommage à Romain, pour transformer ce chagrin en beauté. J’aimerais que les gens soient émus. 

Contre quoi vous battez vous ? 

On apporte un message assez commun en parlant d’acceptation. On voudrait que les mœurs changent. Je me bats pour la liberté d’être soi, sans se sentir contraint par l’intolérance. Les minorités prennent plus d’espace et se sentent entendues. On n’a pas encore atteint de vraie mixité dans les défilés. Les drag queens sont bookées comme « talents » mais pas rarement comme des filles runway.  

Votre arme favorite ? 

Je n’en ai pas forcément. Mais j’ai des boucliers : mon chien, mon mari, mes piliers. 

Votre rêve pour 2024 ? 

Que la marque grandisse. Faire pérenniser mon entreprise tout en me sentant libre créativement, en restant un enfant. 

Weinsanto signifie Vin Sacré. Qu’est-ce qui vous fait pétiller ? 

L’humour . Le sourire des gens, avant même qu’ils m’aient dit bonjour.