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L’Institut Français de la Mode inaugure la Paris Fashion Week®

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La Paris Fashion Week® Mode Masculine Automne-Hiver 2024/2025 débute ce lundi 18 juin à 15h30, à l’Institut Français de la Mode. Depuis plusieurs mois, les étudiants du Bachelor of Arts in Fashion Design conçoivent et construisent leur collection diplômante, fruit d'une formation exigeante et visionnaire.

Co-dirigé par le duo créatif chevronné Hervé Yvrenogeau et Thierry Rondenet, le Bachelor of Arts in Fashion Design est devenu une ruche de talents multiformes qui se croisent et s'enrichissent mutuellement. « C’est un vaisseau ! L’école accueille environ 1200 élèves. » précise Hervé Yvrenogeau en parcourant les salles vitrées, propices aux échanges et à la collaboration. « Ce n’est pas une section mode dans une école d’art, mais une école de mode qui regroupe l’ensemble des métiers du secteur », ajoute Thierry Rondenet. Le Bachelor of Arts est un programme structuré en trois ans conférant le grade de licence le plus haut niveau de reconnaissance académique en France. « Une reconnaissance importante, d’une part parce que c’est le seul établissement privé du secteur à l’avoir obtenue, mais d’autre part parce qu’il permet aux étudiants d’avoir accès aux bourses. » soulignent-ils. « Aujourd’hui, 25% de nos étudiants sont boursiers. Nous souhaitons monter à 30%. » Une mixité sociale et culturelle flagrante tant les profils diffèrent. A l’issue du programme, les étudiants reçoivent le diplôme de "Designer concepteur de mode" et sont aptes à rejoindre des studios, ou bâtir leur propre voie.

 

« Les étudiants se retrouvent face à eux-mêmes pour la première fois. »

 

Sur les 73 étudiants qui composent la promotion, 31 ont été sélectionnés pour présenter leur collection à la Paris Fashion Week®. Six silhouettes chacun pour exprimer leur vision créative. La sélection a eu lieu le 24 mai. « On a organisé une parade. C’était aussi l’occasion pour les étudiants de présenter leur travail à leur famille », expliquent-ils. « C’était en mode Fashion Week, sans explication, ni dossier : c’était aux créations de convaincre. » Les étudiants ont été départagés par un jury composé de professionnels du secteur dont « un photographe, trois designers, un chasseur de têtes, et également des professeurs qui les ont suivis », dit Hervé, « ce qui est normal », ajoute Thierry dans la foulée. « Ne pas avoir été sélectionné pour la Fashion Week ne remet en aucun cas l’obtention de leur diplôme », affirment-ils. Dans les prochaines semaines, « tous les étudiants passeront un jury de fin d’études pour valider leur diplôme. » L’occasion d’expliciter précisément leur collection, « de justifier leurs choix et leur démarche. »

 

Les étudiants, plongés dans le grand bain, doivent convoquer l’ensemble des enseignements acquis pendant trois ans. « Ils se retrouvent face à eux-mêmes pour la première fois. Tout vient d’eux : le casting des mannequins, les tissus, les thématiques. » Ils sont bien sûr accompagnés, « mais ce sont leurs choix créatifs. L’idée est de les orienter vers des choix cohérents, de questionner les recherches et les inspirations. » expliquent les co-directeurs, précisant que « dès la première année et pour chaque projet, la phase de recherche est primordiale. »

 

« La notion de développement durable est intégrée dans leur cerveau. »

 

« L’inspiration ne naît pas dans leur tête. Elle leur vient de ce qu’ils vivent, des expositions qu’ils découvrent, de l’histoire qu’ils étudient. C’est comme ça qu’on construit un personnage créatif. » confie Hervé.  Les étudiants, pleinement conscients des impératifs du secteur, ont eu l’opportunité de participer cette année à un atelier « Zero waste », « une démarche que l’on retrouve dans le défilé. » poursuit-il, prenant l’exemple d’une étudiante ayant eu l’idée « de ne réaliser ses pièces qu’à partir d’objets provenant du site Le Bon Coin, et qu’on lui aurait offert. » D’autres étudiants se focalisent sur l’intelligence artificielle pour s’approprier cet outil et explorer ses limites et contradictions. « Beaucoup d’élèves travaillent sur le concept de l’illusion, comme une réflexion sur le digital qui transforme la réalité. » explique Thierry. « Le vêtement s’est dématérialisé. Pour eux, c’est désormais complètement intégré d’acheter un vêtement sans toucher la matière. » Les co-directeurs écoutent pleinement les perceptions des étudiants, et le programme s’aiguise au rythme d’un secteur en perpétuelle évolution. 

 

« La reconnaissance la plus importante, c’est celle des pairs, des créatifs. »

 

Le dernier défilé de l’IFM, du Master of Arts, s'est tenu le lundi 26 février 2024 et a réuni une audience exceptionnelle, comprenant la Première Dame, la ministre de la Culture, des PDG de grandes maisons, des directeurs artistiques et d'autres personnalités influentes de l'écosystème. Une reconnaissance politique, institutionnelle et professionnelle majeure, qui confirme une attention croissante portée à la jeune création. « Ça valorise l’école. Mais la reconnaissance la plus importante, c’est celle des pairs, des créatifs », confient-ils. « La scène créative est invitée et se déplace. »

 

« L’objectif, c’est que les étudiants s’épanouissent dans ce qui leur correspond. »

 

Hervé Yvrenogeau et Thierry Rondenet travaillent en binôme depuis 30 ans. Ils débutent dans le secteur avec la casquette de designers - gagnants du grand prix du festival de Hyères en 1994 – puis font leurs gammes auprès des noms les plus reconnus dont Maison Margiela, Balenciaga, Jean Paul Gaultier, Acne Studios, Louis Vuitton, entre autres. Avant de reprendre les rênes du Bachelor of Arts de l’IFM, ils enseignent à La Cambre durant 15 ans et y transmettent leur expertise à une cohorte de talents, parmi lesquels Matthieu Blazy, Julien Dossena, Anthony Vaccarello, Marine Serre, Nicolas di Felice. « On enseignait à tout le monde de la même manière, il n’est pas vraiment possible de savoir comment les carrières évolueront. Ce sont des parcours de vie », dit Hervé. « On sentait un engagement créatif, que ça faisait partie intégrante de leur vie », complète Thierry qui conclut « On a aussi formé beaucoup de monde qui ont rejoint les studios, qui sont invisibles mais dont le travail est remarquable. » « Il n’y a pas de hiérarchie. L’objectif, c’est que les étudiants s’épanouissent dans ce qui leur correspond. C’est un secteur multifacette. »

 

Fondée en 1927 pour encourager le talent et préserver le savoir-faire artisanal, l'École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne a fusionné avec l'Institut Français de la Mode en 2019, et le nouveau campus - 9000m2 - a été inauguré en 2021. « Cette école a vocation à casser l’image d’un secteur réservé à un tout petit nombre. » affirmait à cette occasion Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances. Pleinement ouverte sur l’international et en évolution constante au gré des innovations et tournants du secteur, l’IFM est aujourd’hui l’école de la capitale de la mode.