Haut les mains : Meryll Rogge
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Ancienne élève de l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers, elle a lancé sa ligne en 2020, ayant pris le temps de se faire la main chez ceux qu’elle a toujours admiré, Marc Jacobs à New York, pendant 7 ans, puis Dries Van Noten pendant 4 ans, étapes préliminaires avant quelques free-lance. Son studio de création est situé dans la campagne près de Gand, de l’autre côté de l’écran et des rideaux en lin ficelle, j’aperçois en zoom un grand jardin, et lui demande si elle a la main verte : elle ne jardine pas, faute de temps. « Je travaille avec des gens qui bougent tout le temps, comme moi. » Maryll Rogge a toujours dessiné. « Je sais coudre des boutons, je j’ai toujours été très habile », dit-elle, remarquant au passage que sa famille, plutôt sportive, n’a jamais eu autant qu’elle cette fibre manuelle. Et pourtant aujourd’hui, tout le monde met la main à la pâte, frères et parents inclus. Ses mains pianotent : « je passe pas mal de temps à communiquer via what’s app, et sur l’ordinateur. » Elle concède : « Les mains, c’est primordial, notamment au tout début de la collection, lors de la sélection des tissus : on peut faire des essayages à distance, des réunions en zoom, mais rien ne remplace le toucher. Impossible de skipper l’étape ».
Mettre les épingles là où il faut, telle pourrait être sa définition du métier. « Mais je ne suis pas dans le romantisme du designer isolé qui dessine à son bureau » assure cette entrepreneuse qui le 2 mars, présente à Paris sa collection dans le (futur) Dover Street Market du Marais. « Ensuite la collection part à Tokyo ». Hautement tactile, avec ses mailles entièrement crochetées à la main, imprimés réalisés à partir de fleurs peintes, photographiées, retouchées à l’ordinateur, la collection a été baptisée « Poor connection ». « Il y a beaucoup d’imprimés basés sur des images facetime. On travaille sur la notion de fête et de rassemblement post Covid . Il est temps de revenir aux vraies rencontres, à la convivialité ». Main dans la main avec l’époque, une façon de tracer sa route en liberté. « La fonction principale d’un vêtement, c’est de se protéger des éléments de la nature. Si on parle de mode, c’est de se sentir bien, et « empowered » pour affronter les rapports sociaux. » Contact, contact.