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COMME DES GARÇONS PRINTEMPS-ÉTÉ 2025

Report, Focus

Par Laurence Benaïm.

Sa force est de nous faire entrer dans son monde, sans heurt, avec le naturel que justifie toutes ses extravagances. Qu’elle présente une robe en forme de tipi de brocart, une autre, pareille à une pièce montée avec deux plateaux de meringue tissée, ou des silhouettes lestées de housses bien remplies, Rei Kawakubo défie les lois du pourquoi pas ? Comment ces robes ont-elles pu voyager de Tokyo à Paris, comment le studio a-t-il pu réussir à bourrer ces sacs de taffetas bouillonnés, à peindre (à la main ?), ces souliers dignes du Magicien d’oz ou de Rosemary’s Baby ? 

Sur le podium en bois de récupération, une silhouette évoquant un matelas pneumatique enduit de vernis brillant, avance, avec des sneakers XL, la démarche est lente, comme si les semelles étaient en plomb. Les allégories sculptées se suivent, non sans évoquer les jeux d’équilibre de ses admirateurs, Viktor and Rolf, entre retournements, et perfection de l’absurde. Empilement de sacs rembourrés en guise de paniers d’un vingt et unième siècle, aristocrates empruntant les chemins de l’exode, ou princesses livrées à elles-mêmes sur l’île des tentations et de toutes les hallucinations, avec jupons montés dont le tourbillon blanc évoque un baba au rhum géant. Happening couture en plein centenaire du surréalisme ? Rei Kawakubo continue avec la force de son métier à mettre en scène le désordre du monde, son sens absolu de la technique lui confère cette aura un peu punk, qui aimante un vrai public d’aficionados en faisant rêver les autres ; en témoigne le succès de ses nouveaux lieux parisiens, et notamment la foule massée pendant cette fashion Week rue des Francs Bourgeois, chez Dover Street Market, haut lieu de signatures, de performances cracboumhuesques qui font vibrer la capitale.