Haut les mains : Jean Melkonian
Jean Melkonian, Responsable de l’atelier DIOR prêt à porter TAILLEUR
LE TAILLEUR BAR HAUT LA MAIN
Dans ses mains, le tailleur se confie, ou plutôt se tient, à la fois graphique et tout en mouvement. Un tailleur Bar qui se passe de mots, tant la complicité avec Maria Grazia Chiuri se ressent dans la facture de cette veste, sans pince poitrine, ni détail superflu. Comme construite d’un trait, et sans rien pour l’entraver. Une ligne donc faite pour vivre, affranchie des carcans, mais fidèle à l’esprit Dior. Celle qui épouse le mouvement, tout en maintenant le dos droit, sans l’étriquer. « L’épaule est douce, légèrement tombante. Elle suit la courbure naturelle ». Jean Melkonian a le métier dans ses mains. C’est peu dire qu’il a grandi en apprenant à passer les fils. Fils d’une couturière, il savait, à douze ans, réaliser un pantalon de A à Z. Pour cet Arménien né à Beyrouth et arrivé en France à dix ans, la mode est plus qu’un art, c’est une manière de vivre. Son père allait à Bologne chercher les tissus (il fabriquait alors des chaussons pour enfants), et sa tante était également couturière. Cet ancien d’Yves Saint Laurent, formé par Monsieur Jean Pierre, a fait ses premiers pas à l’école du cuir et de la fourrure. Aujourd’hui, à la tête de l’Atelier Prêt à porter Tailleur de Dior (18 personnes), il travaille en parfaite complicité avec Maria Grazia Chiuri : « je distribue les croquis du studio, on fait les toiles, puis les patronages, avant que ne soient concrétisées les attributions ». Jusqu’à 400 modèles par saison (sur 1200 au total, incluant le Flou, et toutes les matières). Un chiffre vertigineux qui montre bien combien la redéfinition d’une icône, sa mise au point peut générer de variations, à l’infini. « Maria Grazia Chiuri me dit « plus Bar », « moins Bar », on se comprend ». Toute la dextérité se révèle dans ces basques plus ou moins décollées, la taille de ces revers, d’une saison à l’autre. Le fameux Verga 1166 en laine et soie fait partie des absolus. « Il a du poids, il silhouette bien ». Au total, ce sont 12 à 20 morceaux de tissus qui sont nécessaires pour réaliser une veste Bar. « Tout se joue au niveau des hanche. A chaque saison, il y a quelque chose de nouveau. Maria Grazia Chiuri nous fait avancer, à chaque fois. » Parfois, Jean Melkonian se blesse, se coupe. « C’est le métier qui veut ça. Il est en moi ».