Haut les mains: Ester Manas
De la rondeur avant toute chose. Deux paires de mains unies nuit et jour. Ester Manas et Balthazar Delepierre disent qu’ils « imaginent tout ensemble ». Main sur le cœur, dans ce studio atelier rempli de douceurs, un 23 rue du Faubourg Saint Denis qui fut l’adresse de mon grand-père chapelier, où chaque jour, à l’aube, il montait ses casquettes, avant que le « bichonneur » ne les mette sous presse, alors oui c’est un bonheur de rencontrer ce couple bruxellois dont le logo n’est autre que deux mains enlacées. Mise au point, « smart sizing », du 34 au 50, la prise de mesure fait le grand écart : « Balthazar a la main de l’image, et moi celle de la sensibilité, de la matière, c’est un ping pong permanent ». S’ils pouvaient donner des claques, ce serait à tous les Trissotin de l’inclusivité, à tous ceux qui prennent des « curve sur le catwalk » pour ne proposer qu’au compte-goutte des tailles 46. « Il faut que les filles aient envie de porter nos vêtements. Qu’elles marchent la tête haute, et les mains près des hanches ». La collection de l’été 2022, se nomme « Unveiling », comme si des mains avaient ici et là, préempté, aspiré en douce des bouts d’épaule, de taille, de hanches, pour mieux révéler un corps épanoui et désinhibé qui n’a rien à cacher. La mode redevient un festin. Ester Manas incarne ce qu’elle fait, fait ce qu’elle aime, affirme passer deux heures et demie par jour à cuisiner. Leurs origines mêlées, de l’Algérie à la Sicile, des poivrons marinés à l’ail aux polpete della nonna, célèbrent les mains épicuriennes de la transmission. « 50% du travail se passe à table. C’est comme cela que tout naît, que tout devient familial. On a besoin d’une communauté qui croit dur comme fer à ce que nous défendons, ensemble. C’est comme une campagne municipale avec des gens qui distribuent des flyers. En fait, On est plutôt soixante mains ». @laurence-benaim