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Centre Pompidou - La Traversée des Apparences

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Le Centre Pompidou a confié à Laurence Benaïm la mission d’explorer les liens entre arts et mode. Journaliste et écrivaine éminemment respectée, elle met son savoir et son amour des mots au service des arts, du savoir-faire, de la création et de la mode, qu'elle examine et honore. Du 24 janvier au 22 avril 2024, l'exposition « La Traversée des Apparences : quand la mode s’invite au Musée » révèle un foisonnement d'inspirations et de collaborations transcendant les frontières des disciplines artistiques. Les silhouettes se mêlent aux tableaux, liées par les mots. Laurence Benaïm a rédigé des lettres fictives, donnant la parole aux vêtements, aux créateurs. Comme un trésor caché que l'on découvre ensemble. Une entrée dans l’intime.

Romain Brau, artiste, acteur, chanteur, icône burlesque, lira ces lettres. Cet artiste complet passe entre les mailles du filet de la catégorisation et fabrique du beau avec finesse, surtout et amour, beaucoup. Lors de trois rendez-vous, les 23 janvier, 27 janvier et 28 février, Romain Brau entrera dans ce que le Centre Pompidou nomme sa "rue principale", s'improvisera guide, conteur, avec sa verve, sa folie, sa liberté.

 

« Laurence voulait faire parler les silhouettes avec les tableaux. »

 

Un jour à la Samaritaine, alors que Romain Brau venait de conclure une performance, Laurence Benaïm est venue le féliciter. « Elle m’avait vu dans le film Haute Couture (2020). » L’admiration professionnelle est mutuelle, car quiconque apprécie lire la mode a lu Laurence. « Et là, je me rends compte que c’est elle, c’est Laurence Benaïm ! Je la lis, je lis ses articles ! » C’est le début d’une douce histoire d’amitié. Ils travaillent ensemble, se confient sur leurs projets, sur leur vision. « Un jour, Laurence m’a parlé de son projet pour le Centre Pompidou. Elle voulait faire parler les silhouettes avec les tableaux ». Et le projet était lancé.

 

 

« Je veux ramener ma queerness, de la vitamine, mon je-ne-sais-quoi. »

 

Laurence Benaïm, cheffe d’orchestre de cette rencontre entre la mode et l’art, y a saupoudré ses mots. Elle a rédigé des lettres, « comme des témoignages qu’on n’aurait jamais découvert avant, un trésor, des lettres secrètes, interdites », raconte Romain. « C’est très beau ce que se permet Laurence, ce qu’elle offre, c’est génial. » Elle a donc confié à Romain la mission de les lire. À trois reprises en janvier et février, Romain Brau s’élancera au Centre Pompidou pour lire trois lettres. Une performance qui permet d’ouvrir l’intime, d’être dans l’intime de ce que les œuvres, textiles ou picturales, racontent.

 

Laurence Benaïm a sélectionné des œuvres de créateurs tels que Christian Dior, Iris van Herpen, Alber Elbaz, Thebe Magugu, Marine Serre, Charles de Vilmorin, Kévin Germanier, pour n’en citer que quelques-uns. Ces vêtements sont le résultat d’une vision, d’un savoir-faire magistral, de couleurs et de formes. Ils sont le fruit des mains qui les ont façonnés, mais ne se révèlent pleinement qu’en étant incarnés, par la voix, par le langage. Romain portera la voix. Le Centre Pompidou, institution française de premier plan, accueille la Culture et tout ce que C majuscule peut comprendre, du Classique au Cocasse. « Je veux casser le froid du musée. Apporter du rire, détendre les gens, interpréter les textes avec des émotions. Je veux ramener ma queerness, de la vitamine, mon je-ne-sais-quoi. »

 

 

« L’émotion d’un vieux look Dior, c’est comme la Tour Eiffel ! »

 

Lorsqu’on demande à Romain si une silhouette choisie par Laurence Benaïm le touche particulièrement, la réponse est immédiate : Dior. C’est « le tissu, les coupes, le taffetas. On sent la passion. »

 

Selon Romain, c’est ce qui fait la beauté de la mode, c’est « le designer qui parle de sa passion et Laurence a ce savoir, elle nous rappelle ce qu’est la mode, la vraie mode, l’amour du tissu. » C’est tout ce que peut procurer une œuvre, qu’elle soit récente ou qu’elle ait traversé le temps, qu’elle soit sortie d’un jeune esprit ou qu’elle provienne d’une maison ancestrale. « L’émotion d’un vieux look Dior, c’est comme la Tour Eiffel ! », déclare Romain.

 

 

« Et je révèlerai ensuite un costume Pierre Cardin… »

 

Tendre vers l’art total, c'est faire se rencontrer les disciplines, englober le spectateur dans la fusion de la vie et de l'art. Romain incarne ce mouvement : la parole qui relie, qui noue les œuvres entre elles, les arts entre eux. Ici, la mode se retrouve placée au même plan que les autres arts. Romain, par sa présence et sa créativité, apporte la liberté du tissu et de la parole. Pour les plus chanceux qui ont déjà pu échanger avec Romain, c’est une lumière douce, sincère. Une spontanéité totale, de ces gens qui ne s’excusent pas de vivre et qui le font avec respect.

 

Au-delà des considérations théoriques, la question qui nous vient spontanément reste (et restera) : que portera Romain ? "Je suis égérie Atlein et je suis très fidèle. Antonin Tron a réalisé une robe fluide, très glamour, très evening et humble. Et je révélerai ensuite un tailleur Pierre Cardin, qui encensera la lettre ».

 

 

« La mode est un témoin d'un changement global de la société. »

 

S’est clôturée dimanche soir la Paris Fashion Week Mode Masculine Automne-Hiver 2024/2025. Cette séparation des genres est poreuse, perméable. Le vestiaire masculin emprunte au féminin et inversement. « La mode est un témoin d'un changement global de la société. On ne cherche même plus à savoir si c’est homme ou femme, on fait ce que l’on veut », raconte Romain qui précise tout de même que cette liberté est à portée de main à Paris. Cette liberté de choix de se vêtir comme on le souhaite au-delà de son genre, « Ça prouve aussi le plaisir de porter ce que l’on veut, et de jouer avec. »

 

 

« La Traversée des Apparences : Quand la mode s’invite au Musée »

Du 24 janvier au 22 avril 2024 au Centre Pompidou.

Performance de Romain Brau, accessible au public, les 23 janvier, 27 janvier et 28 février 2024.