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ALAÏA / KURAMATA: En apesanteur

Focus

« Je ne fais pas de croquis. Je dessine tout dans ma tête. Les images arrivent toujours en premier. Lorsqu’on dessine, on a tendance à se préoccuper des aspects périphériques (...) et avant que vous ne puissiez vous en rendre compte, cela pourrait finir par remplacer les questions plus essentielles à prendre en compte ». Assurait Shiro Kuramata, designer japonais (1934/1991), auquel la Fondation Azzedine Alaïa rend hommage dans un double accrochage présentant des robes du couturier et des pièces de mobilier issues de sa collection personnelle, telles que Pyramid (1968), Luminous chair (1969), OBA-Q (1972), Glass Chair (1976), How High is The Moon (1986), Twilight Time (1985)...

Dans un jeu d’échos polychromes, le corps se met en scène à travers des robes et des objets, fauteuils, lampes, chaises, tables, qui semblent en apesanteur.  Au total, une vingtaine de pièces illumine le regard, dans cette confrontation poétique avec les créations du couturier, qui semblent comme neuves, au bord de l’abstraction et de la matière.  

 

« Le plus grand problème, expliquait le designer japonais, c’est la gravité, nous devons réfléchir à un moyen de l’effacer ». La lumière traverse les créations de part en part, engageant une conversation intimiste entre un canapé de métal tricoté (le fameux « How High is the Moon ») et une robe de maille lurex, une étagère pyramidale à un modèle de Haute Couture tout en bandelettes. La magie est là, à la hauteur de ces valeurs partagées, cette double recherche de structure rendue invisible et si présente à la fois. Comme si, en traçant ses lignes dans l’espace, l’un et l’autre engageaient leur vision commune nourrie par le talent et la grâce.  Le plus merveilleux est sans doute la manière dont Azzedine Alaïa s’exprime en tant que collectionneur, et dont le point de vue est ici magistralement redéfini par Carla Sozzani et Olivier Saillard. 

“En 1993, je voulais m’éloigner du système imposé par les défilés saisonniers et me concentrer sur les pièces plutôt que sur les petits changements dans la mode. Je pense que je peux dire que mes pièces sont intemporelles.” assurait-il. Loin de considérer le temps comme un refuge, il n’a cessé d’en explorer tous les possibles, et cette exposition révèle cette quête d’infini à travers la matière et le mouvement. 

 

 

ALAÏA/KURAMATA la légèreté en création 
Sous le commissariat de Carla Sozzani et Olivier Saillard 
Fondation Azzedine Alaïa
18, rue de la Verrerie, 75004 Paris Tel. +33 (0)1 87 44 87 75 , jusqu’au 12 janvier 2025.