Dans un jeu d’échos polychromes, le corps se met en scène à travers des robes et des objets, fauteuils, lampes, chaises, tables, qui semblent en apesanteur. Au total, une vingtaine de pièces illumine le regard, dans cette confrontation poétique avec les créations du couturier, qui semblent comme neuves, au bord de l’abstraction et de la matière.
« Le plus grand problème, expliquait le designer japonais, c’est la gravité, nous devons réfléchir à un moyen de l’effacer ». La lumière traverse les créations de part en part, engageant une conversation intimiste entre un canapé de métal tricoté (le fameux « How High is the Moon ») et une robe de maille lurex, une étagère pyramidale à un modèle de Haute Couture tout en bandelettes. La magie est là, à la hauteur de ces valeurs partagées, cette double recherche de structure rendue invisible et si présente à la fois. Comme si, en traçant ses lignes dans l’espace, l’un et l’autre engageaient leur vision commune nourrie par le talent et la grâce. Le plus merveilleux est sans doute la manière dont Azzedine Alaïa s’exprime en tant que collectionneur, et dont le point de vue est ici magistralement redéfini par Carla Sozzani et Olivier Saillard.
“En 1993, je voulais m’éloigner du système imposé par les défilés saisonniers et me concentrer sur les pièces plutôt que sur les petits changements dans la mode. Je pense que je peux dire que mes pièces sont intemporelles.” assurait-il. Loin de considérer le temps comme un refuge, il n’a cessé d’en explorer tous les possibles, et cette exposition révèle cette quête d’infini à travers la matière et le mouvement.
ALAÏA/KURAMATA la légèreté en création
Sous le commissariat de Carla Sozzani et Olivier Saillard
Fondation Azzedine Alaïa
18, rue de la Verrerie, 75004 Paris Tel. +33 (0)1 87 44 87 75 , jusqu’au 12 janvier 2025.