Haut les mains : Anne Isabella

L’hiver tactile d’Anne Isabella

Française Danoise basée à Berlin, elle a grandi en Belgique, étudié en Grande Bretagne. La voici à Paris, où elle présente sa collection au Palais de Tokyo.  « J’étais plutôt intéressée par le dessin, c’est petit à petit que je suis allée vers la mode. Avec le temps, j’ai appris à bien utiliser mes mains. Il faut s’entrainer. C’est comme chanter. C’est en essayant plusieurs choses différentes, que la main acquiert une maitrise. L’idée ce n’est pas de répéter, c’est plutôt de se familiariser avec des techniques. Le dessin est un langage. En ayant sa propre marque, la coupe m’intéresse beaucoup. J’aime travailler à plat et créer des formes. Alors que je me piquais beaucoup, que les aiguilles tombaient, j’ai appris à épingler plus facilement. Mes mains sont encore pleines de petites plaies ; rien n’est grave, mais c’est là. Cette saison est particulièrement tactile. C’est ma quatrième collection, mais la première fois que je présente à Paris : j’ai travaillé une laine, comme une couverture, dans laquelle j’ai coupé des robes, des pantalons, on a coupé des rubans, il y a beaucoup de textures, les finitions à bord francs, sont en rupture avec ce que j’avais fait avant. Tout était plus graphique.  Là, il y a des jeux de couture, tout est plus reliéfé, plus texturé. J’ai joué avec les rayures en trois D qui sont devenus des plis. Le cachemire organique donne à la maille une présence particulière. Le polyester recyclé crée une profondeur, c’est comme si on entrait dans des mondes différents, en jouant sur les extrêmes, l’usé et le neuf, le fin et l’épais. Après trois saisons présentées digitalement, j’avais besoin d’exprimer un retour à quelque chose de plus physique, en laissant la place aux matières pour qu’elles vivent, tout simplement. Pour que les gens puissent les voir, les toucher. ».