Haut les mains : Benjamin Benmoyal
Jacquard tissé en mains
« Dans la vie quotidienne, je ne suis ni agile, ni adroit. Je serai par exemple incapable de monter un meuble. Bizarrement avec le tissage, j’ai découvert une faculté d’utiliser mes mains comme un instrument. Il y a plein de techniques de positionnement pour ourdir la chaîne avec les doigts. C’est comme un instrument de musique. J’ai l’impression de jouer de la guitare. Le modélisme, on se sert d’une règle, d’un crayon pour tracer des lignes, j’arrive bien à dessiner. Depuis le début, mes collections sont très tactiles, j’ai besoin de toucher les tissus. C’est primordial. On fait tous les patronages à la main, nous avons soixante-dix références, c’est chronophage. Pour cette collection, j’ai fait évoluer la main des tissus. C’est la première fois qu’on introduit du tissage jacquard, on a exploré différentes mailles. J’ai voulu retranscrire les sensations données par Monet à travers l’eau, les fleurs, la peinture impressionniste. Chaque couleur a été tissée pour donner une texture différente : sur les photos, les gens croient que c’est imprimé. En réalité, cela a pris quatre mois pour mettre au point les dossiers techniques pour qu’ils soient industrialisables. L’été 23 ? C’est une collection bien plus colorée que les précédentes : j’ai pris le contrepied du beige, avec des verts flashy, des roses fuchsias. J’ai le sentiment d’être sorti de ma zone de confort ».