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Haut les mains : Arturo Obegero

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Crédit Photo : Arturo Obegero

RETIENS LA NUIT  

Un noir hanté et solaire, un noir en fusion, imprégné de toutes les fascinations pour Balenciaga, celui que Givenchy considérait comme « l’architecte de la haute couture » et Yves Saint Laurent, dont ce tee shirt en jersey technique et dentelle Sophie Halette, célèbre l’esprit. Arturo Obegero, originaire d’Asturia, en Espagne, garde toujours près de ses mains, une pierre fétiche dite Azabache (ou ambre noire), une variété de lignite, provenant de la fossilisation de débris de conifères et de végétaux.  Il en a même fait un parfum, au flacon noir, édité en série limitée avec Pigmentarium. Baguées d’argent, ses mains, à l’image de son logo, dessinent des courbes et des lignes dans l’espace. Pour cet ancien danseur qui a fait ses études à la Saint Martins School, avant un passage au studio Lanvin, le geste est l’essence même de son travail. La source vive. C’est en mars 2020 qu’il crée sa propre société. « Je travaille dans 5 m2, l’atelier est chez moi, c’est ma passion, je ne sais pas ce que je ferais d’autre.  Il précise : « Je dessine, je fais des collages, je fais les patrons, la coupe, je couds, je suis un obsessionnel, je mets tout ce que j’ai de moi dans chaque vêtement, même si un modèle est très pur, on peut exprimer son âme ». Ainsi en est-il de la collection de 22 modèles de la saison présentée au Palais de Tokyo. Une âme dans les mains donc, imprégnées par les visions de son enfance, celles des montagnes d’Asturie, ce décor à la fois « poétique et mélancolique ». Sans oublier ce culte voué à Antonio Gades, le danseur de flamenco devenu le premier directeur du Ballet Nacional de Espana.  De là sans doute, ces « floreos » couture, dignes des figures si travaillées qui accompagnent les jeux de mains et de doigts. Les cols amples et rabattus, les poignets mousquetaires, les manches ballons d’une veste en velours d’un rideau de théâtre découpé, exaltent la noblesse d’un geste primordial. A.O donc, aristocratiquement tendu entre l’austérité et le rêve, la fantaisie et la réalité. Artur Obegero un nom à retenir.  « Toucher un tissu, c’est comme prendre un corps dans ses mains. J’aime les matières qui ont de la tenue, tout en étant sensuelles ».