Comment définiriez-vous cette nouvelle collection ?
Je fais un vrai travail de repositionnement. L’idée c’est de proposer un vestiaire qui incarne un prêt à porter avec une touche couture, contemporaine, portable au quotidien.
C’est-à-dire ?
Des silhouettes avec un travail d’asymétrie architecturale. Du plissé, des drapés, des jeux de superposition, du noir et du blanc. J’ai créé de nouveaux imprimés « d’émotion ». Il y a un an, j’avais fait des essais de feutre et de mine sur du papiers, je les ai sortis de la poubelle pour créer un imprimé. Désormais, je le travaille sur des mailles réversibles. Le all over des débuts devient plus épuré. Je renoue avec les jeux de « nouages », des parasols observés à Marseille pour en faire des robes, des manteaux, des gros pulls en laine.
Votre école « Les Ateliers Alix » viennent de signer un partenariat avec Chanel. Qu’est ce qui compte le plus pour vous aujourd’hui ?
Chanel avait recruté des jeunes que nous avions formé. Ils ont fait leurs preuves. Ce partenariat d’exclusivité permet de soutenir l’école et de recruter des talents potentiels. Cette quête d’excellence est présente dans le vestiaire de la marque, autant que dans la transmission.
En quoi cette année marque-t-elle pour vous un tournant ?
J’ai fait beaucoup d’hommages, depuis trois saisons je me recentre sur cette quête d’excellence. Tout est fabriqué en France. Nous voulons valoriser l’artisanat. Très vite, on peut tomber dans les clichés, on peut penser que nous sommes dans dans le streetwear, l’oversize. Je veux montrer que je suis une marque entre Paris et la banlieue. Je suis un fan de Margiela, Yohji Yamamoto, Miyake. Mais je suis admiratif de Chanel et d’Hermès, qui s’appuient sur un savoir-faire artisanal. J’ai envie de faire du beau. Et partager de l’émotion. J’aime aller là où on ne m’attend pas. Proposer un beau travail, c’est s’affranchir de l’uniformité. C’est ma manière d’être rebelle : aller au bout de ce à quoi je crois. Je veux rendre hommage à celle qui m’a aidé, Madame Thomas, meilleure ouvrière de France, elle a appris la haute couture chez Balenciaga, puis chez Madame Grès, avant d’enseigner. En rencontrant cette femme, j’ai rencontré la haute couture. Et puis mon travail est lié à la passion que j’éprouve pour Lee Bul, une artiste coréenne. Grâce à elles, j’ai trouvé ma voie.
Qu’est ce qui compte le plus pour vous aujourd’hui ?
Innover à partir d’une connaissance précise de la technique. Mettre au point un plissé déstructurant, celui qui ne se lit pas d’une manière plate mais qui prend son inspiration dans le volume. Ne pas aller dans tous les sens. Garder ses obsessions en tête.
Propos recueillis par Laurence Benaïm