MARIE-ADAM LEENAERDT
Née à Bruxelles, elle a créé sa marque en 2022. Tout est allé très vite, et son style s’affirme à travers un point de vue à la fois conceptuel et artisanal. « J’aime qu’il y ait un côté pratique dans le vêtement, tout en questionnant son statut et en détournant ses codes ». Rencontre.
Comment avez-vous appréhendé cette saison ?
C’est la cinquième. On commence à avoir des réflexes et e même temps il y a plus d’enjeux. Il faut pouvoir jongler entre la création, la production et la distribution. La marque est présente dans une vingtaine de points de vente. Nous avons restructuré toute la logistique, désormais en interne. L’équipe reste assez petite, nous sommes deux et demi, même si à la modéliste, l’atelier de prototypages se trouvent dans des lieux extérieurs, à trente minutes de Bruxelles. Cette collection, est peut-être la plus compliquée. Tout commence à se chevaucher.
Quelle est l’inspiration principale ?
Je me suis rendue compte que tant pour les acheteurs, qu’il fallait pousser cette multifonctionnalité du vêtement. Une jupe peut être réversible, devenir robe. Il fallait montrer la richesse des différents portés, et ce vêtement déhoussable fait partie des obsessions. J’ai travaillé en pensant à un archétype, une base qu’on vient housser pour lui apporter ses détails, sa couleur, son aspect final. C’est un jeu entre la base le vêtement et ce qui le recouvre.
Comment prolongez-vous cette réflexion sur le statut du vêtement ?
Avec la mode, on a perdu le sens du temps, qui existe par exemple dans le mobilier, le design. Il est important d’avoir cette réflexion sur un manteau, qu’on achèterait comme une chaise qu’on aurait envie de garder. Il est important d’être là tous les six mois, mais est ce qu’on a besoin de se réinventer tous les six mois ? On travaille sur un principe de double show porté différemment, pour montrer que ce n’est pas grave de revoir la même chose….
Pourquoi la galerie Paradis ?
Elle ne vend que du mobilier designer, dans la scénographie on oppose ces chaises de location avec des chaises de designer, et les mannequins circulent au milieu.
Pourquoi le feutre gris ?
C’est la base, la structure, la charpente du vêtement. Au-dessus, il y a une housse qui crée le vêtement, le révèle, en soie, en laine. On peut porter le vêtement avec cette structure, ou pas : sans renfort, sans crin, sans épaulette, le tailleur devient comme un gilet. C’est ce jeu entre la carcasse et la fluidité qui m’intéresse.
Et les couleurs ?
Elles sont neutres. C’est un trench beige, ce sont des tailleurs noirs, marine. Je voulais qu’on se focalise sur la coupe, les volumes. J’ai récupéré des vieilles nappes utilisées pour recouvrir du mobilier de location, j’en ai fait des robes.
Le plus important pour vous en 2025 ?
Renforcer le wholesale, ce qui n’est pas si simple quand il s’agit de faire passer un message. Il faut un mode d’emploi et la marque n’est pas encore connue pour cela. Nous sommes en train de développer le site internet qui sera opérationnel en avril. Cette plateforme sera également pédagogique, pour expliquer l’origine d’une pièce, comme un pull à la fois col V, col rond, et col roulé…
Propos recueillis par Laurence Benaïm.