Ronald van der Kemp - Upcycling Couture
Des bijoux réalisés à partir de bouteilles en plastique, une veste aux allures de marqueterie d’échantillons de mille et une couleurs rebrodés sur du satin duchesse… Conçues par Ronald van der Kemp, ces créations - chacune comme un rendez-vous avec la mémoire - ont été élaborées par son équipe avant le défilé qui s'est tenu à la résidence de l'ambassadeur des Pays-Bas. « Let the sunshine in » : ce rendez-vous est une promesse de lumière, à l’image de cette « Reine du Soleil », en fourreau aux multiples bandes d’or, ce manteau de velours brodé d’un singe, ces jeux animaliers en relief, ou ce pull irlandais tout en tresses de cuir noir…
« J’ai installé mon studio et mon atelier dans une ancienne prison. Depuis, je me sens libéré » aime à dire ce néerlandais un peu dada, un baroque éthique basé à Amsterdam. Transfuge de Bill Blass, créateur d’un think tank sur la positivité du monde en période sombre, habilleur de Lady Gaga et de Celine Dion, il a même créé un parfum éco-responsable, « The Mind Vaccine ». Dix ans exactement après son entrée dans le calendrier officiel de la haute couture, son défi est de proposer « une garde-robe plus qu’une collection ». Chaque modèle (27 au total), est une personnalité en soi, capable de théâtraliser chaque apparition. Les bouts de peaux précieuses « destinées à être jetées » sont assemblées par des mains de fée, des boudins de soie forment un trompe-l’œil de défense d’éléphant, et d’autres serpentent un fourreau extraordinaire. Le temps s’arrête, l’instant jubile, à l’image de ce panneau de paille retrouvé à New York, dont le couturier a colmaté les trous par des carrés fluos. Une modiste de 78 ans est de la fête. Un drapeau découpé devient soleil, une toile de bateau se métamorphose en jupe, un boléro déploie ses ailes de papillon. L’euphorie est là, magistralement contenue dans le silence infini du travail artisanal.