L'oeil d'Anouschka
Il est des personnalités dont le prénom est à lui seul une griffe. Edwige, Betty, Marie Laure. Autant de femmes à laquelle s’ajoute naturellement Anouschka, collectionneuse et consultante de mode à Paris.
Sa collection privée, sans doute l’une des plus importantes du monde, célèbre non seulement une passion pour la mode, mais un regard, un style, une attitude. « Les plus beaux vêtements sont ceux qui défient le temps tout en marquant leur époque. » Choisir le beau, aller vers l’unique. Enfant, elle adorait les greniers, elle se souvient encore de la robe perlée qu’elle avait enfilée, pour miroiter avec elle au soleil. Elle s’imaginait archéologue, elle est devenue collectionneuse, après avoir posé pour Mapplethorpe, Helmut Newton, défilé pour Jean-Paul Gaultier ou Rei Kawakubo… A l’époque, on ne parlait pas de vintage, les passionnés se retrouvaient aux Puces pour explorer tout ce que les années orange et formica avait effacé. Anouschka fait partie de ces infatigables redécouvreurs : Poiret, Grès, Lola Prusac, AM Beretta, Kansai Yamamoto, Montana autant de noms dont cette infatigable chercheuse-chineuse célèbre la quintessence mémorielle, à travers des milliers pièces de vêtements et d’accessoires d’une qualité absolue, de 1920 à nos jours, de Poiret à Alaïa et Vêtements…
La mode, comme une bibliothèque donc de formes, de gestes, de motifs, de sensations à fleur de peau, d’histoires habillées, au plus que parfait. Loin des fripouilleries, une ultime expression d’un dandysme au féminin ? Rien ici ne semble avoir été porté, et pourtant tout parle de vie, de nuit, de désir, à l’image de celle qui s’est imposée comme consultante de référence.
En 1986, elle créait les premières soirées technos de la capitale au Rex. Alain Pacadis l’avait baptisée Reine de la nuit. Quarante ans plus tard, Anouschka est la gardienne des jours qui riment avec plus de 8000 modèles Saint Laurent, autant et plus de Comme des Garçons, Yohji Yamamoto. Des modèles de Jeanne Lanvin des années vingt aux souliers Roger Vivier des années cinquante, de Courrèges à Guy Paulin et Vêtements, l’œil se promène au cœur d’une bibliothèque de prêt à porter et de haute couture. L’œil d’Anouschka aimante d’autres collectionneurs, d’autres passionnés : les créateurs dont elle prend soin de taire le nom prennent rendez-vous, les pièces qu’ils sélectionnent seront entreposées pendant quelques saisons pour éviter les interférences inspirationnelles sur les podiums...Le cœur est là, qui bat pour ce qui rend un métier si singulier, et érige, de Madeleine Vionnet à Margiela, Phoebe Philo et Hed Mayner, la coupe, le style, un en sujet d’infini d’études et d’émerveillement. L’émotion XL qui fait d’Anouschka la référence parisienne absolue pour les professionnels du patrimoine de la mode, la complice de designers dans leurs recherches créatives et leur processus d’élaboration de collections. On précise que rien n’est à vendre.