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Niccolò Pasqualetti

Interviews, Focus

Au graphisme sensuel de ses formes, s’ajoute la sensibilité à fleur de peau de ce finaliste du Prix LVMH 2024 nourri par la passion des tissus dans l’épure. Il présente cette saison sa septième collection.

« Fils unique, je viens de la Toscane, une petite ville Saminiato, j’ai été élevé dans la campagne, à une heure de Pise et de Florence.  Mon père est décédé il y a un an, c’était un vétérinaire, ma mère, avocate, a un élevage de 25 chiens. Autant le dire, si  je n’ai pas grandi dans un univers lié à la mode,  mon père m’a transmis une passion pour l’archéologie et l’histoire. Mon grand-père que je n’ai pas connu collectionnait les minéraux, et a laissé une importante collection de coquillages que nous avons gardée.  J’ai toujours adoré ces formes, ces nuances, qui m’ont tellement inspiré. Puis, à l'école, j'ai cherché des livres sur les sculptures organiques d'Henry Moore, Barbara Hepworth. C’est là que j’ai développé mon goût pour ces formes à la fois épurées, organiques, fluides. Je suis très différent de mes parents. Ils conservaient tout, la maison était pleine de choses, et moi, d’un côté je suis fasciné par ces objets, et j’adore le fait que tout soit net, pur. Cette double attraction est en moi. J’ai autant envie d’espace que de recherche, de simplicité que d’objets de curiosité. Au cœur de cette vie isolée, j’étais un peu le personnage ambigu : à seize ans, j’avais les cheveux décolorés, mais il était important de ne pas avoir de limite dans la manière de m’exprimer, j’étais fasciné par Francesca Woodward, je prenais des vêtements de ma mère, de mon père, je mélangeais les costumes masculins et les jupes. Un jour, j’ai décidé de partir, j’avais besoin d’explorer d’autres endroits : ce fut Venise, puis la Central Saint Martin’s à Londres, New York, et Paris où j’ai travaillé chez Loewe pendant près de trois ans. Je me suis installé à Paris où j’ai choisi de lancer ma marque.” 

« Le point de départ de chaque collection, c’est la rencontre entre une garde-robe italienne classique et des textures spéciales, des détails qui tranchent. La première, c’était en 2021, pour le printemps-été 2022. La période était assez compliquée. C’est en Italie, que j’ai pu dessiner des silhouettes, trouver des fabricants, c’était comme si je découvrais une réalité artisanale que j’avais ignorée, où dans les manufactures on sent encore battre le cœur du désir, de la beauté, même quand il s’agit de petites quantités. Le fait d’arriver à réaliser des constructions tridimensionnelles devenait pour eux un défi, en matière de textures, de volumes, de formes. »

« Cette collection du Printemps-Été 25, c’est la septième. Elle concilie encore la garde-robe classique, des pantalons, des jupes, des chemises, des vestes, avec des éléments qui altèrent les formes, des textures lumineuses inédites, des paillettes, des sequins, des broderies. Être finaliste du prix LVMH, c’est une joie et un honneur de pouvoir être reconnu par des personnalités que j’admire, et de leur montrer mon travail.” 

« Mon rêve aujourd’hui ? Faire avancer la marque en restant proche de son identité : durer dans le temps en étant indépendant, financièrement stable. J’aime beaucoup les collaborations à partir du moment où elles ont du sens. J’ai une passion pour le design d’objets, l’architecture d'intérieur, les bijoux, qui sont très importants pour moi, puisqu’ils coïncident avec mes débuts. La saison dernière, ils étaient inspirés par les sculptures de John Chamberlain. Cette saison, ce qui m’inspire le plus, ce sont certains animaux marins, les boucles d’oreilles évoquent des méduses, sans pourtant être littéralement figuratives. Je garde en moi cette double relation entre la réalité et le rêve. »