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Le regard de Gauthier Borsarello (Fursac)

Focus

Par Laurence Benaïm

L’ŒIL DU FILS 

Le bonnet n’est pas vissé, il semble tenir par miracle sur cette tête mobile dont le regard frise. L’œil de Gauthier Borsarello, directeur artistique de Fursac depuis 2021, c’est un style en soi, une manière de défendre une éducation, un héritage : celui que lui a transmis son père, si peu fashionista, mais si esthète, amoureux du dix-huitième siècle et de la musique classique. S’il collectionne les pièces d’archives (il en posséderait plus de 2000), c’est sans doute par fidélité à celui qui lui a appris à reconnaître le beau sous toutes ses facettes. En chinant. En bricolant, en retapant, en observant. « Quand mon père regarde un paysage, il voit un tableau, quand je vais au cinéma, je vois un personnage ».

« Très jeune, j’ai appris à regarder. Banlieusard issu d’une famille modeste, je prenais le RER D à Juvisy sur Orge pour aller étudier dans rue Octave Gréard, une école de musique située dans le 8è arrondissement.  Nous n’avions pas de moyens. J’allais à Château Rouge pour acheter des jeans Diesel que je slimmais, je faisais comme s’ils étaient neufs. Je bidouillais. C’est auprès des rois de la fripe, comme des brocanteurs que j’ai appris à reconnaitre le noir et or Napoléon III comme le point de couture « selvedge » des jeans de bonne facture. Mes idoles s’appelaient Coluche, Dutronc, Gainsbourg, ceux que mon père « validait » pour leur art, et dont j’admirais l’allure » Il poursuit : « Ma mère était le bras armé de la vision de mon père. J’ai tout fait pour être à la hauteur de son exigence. » 

Gauthier Borsarello est également à l’origine, avec le journaliste Marc Beaugé, du magazine pour hommes l’Etiquette ainsi que du podcast Habitudes et de la boutique de vêtements américains, Le Vif (paris 16e). L’homme pressé sait aussi prendre le temps de la mesure. Son exigence se traduit dans cette présentation de la collection de Fursac automne hiver 2023-24 à la Comédie Française, (une première), avec la contribution de sa famille musicienne jouant Fauré, Ravel, Debussy, « les impressionnistes de la musique ». « Dans mon œil, il faut que tout rentre dans un cadre. Je suis un constructeur. Fursac, c’est la France dans sa diversité ».