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ISSEY MIYAKE PRINTEMPS-ÉTÉ 2025: La forêt des songes

Focus

Par Laurence Benaïm

« La beauté du papier », c’est le thème de cette collection Issey Miyake, bercée une nouvelle fois par le souffle poétique de Satashi Kondo et du studio japonais. Et si « le toucher du papier procure un sentiment d’enracinement », c’est dans l’espace contenu entre la réalité et les songes que cette collection nous emmène, ou plutôt nous téléporte. Comme un cérémonial lacté, quelque part au milieu du Parc Floral du Château de Vincennes, voici que s’élèvent des silhouettes couleurs de vent, caresses translucides, enveloppements aériens comme drapés dans le ciel. Superpositions, torsions, tuniques tabliers, rien ne pèse sur ces corps dont les grands coupe-vent couleur de lune semblent effectivement découpés dans une partition tissée. Des pantalons aux poches immenses qui rappellent la tutta des futuristes italiens, aux lunettes feuilles, des effets de suspensions et de trompe l’œil, l’utopie surréaliste se joint à cette célébration tout en retenue. Avec en point d’orgue des robes pareilles à des colonnes dont les plissés se fondent en spirales anatomiques, des pulls qui semblent sécher sur un autre, mais dont un bras s’est décroché du fil auquel il était accroché. Les imprimés floraux sur la soie lavée flottent autour d’un corps en apesanteur, un corps qui fait le papillon sous ses tailleurs construits dans une toile translucide, un corps-libellule qui ne souffre jamais de la canicule, un corps statuaire, et tout en hommages discrets et présents aux sculptures tissées du maître, celles que photographia Irving Penn. Une immersion contemporaine dans une forêt bercée par la mémoire des arbres et l’âme d’un passé qui respire.