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ISSEY MIYAKE HOMME PLISSÉ

Inspirations, Focus

LE VOYAGE CÉLESTE, de Laurence Benaïm

« Up, up, and away ». C’est sur cette injonction, que le défilé printemps-été 2025 a pris corps, dans une promesse d’envol et de mouvement. Dans la cour du Mobilier National, admirablement scénographiée par Vincent de Belleval, les silhouettes se détachent, prêtes à toutes les destinations. D’une technique, l’art du plissé mis au point par Issey Miyake, devenu une ligne « Pleat Please », en 1993, semblent avoir jaillis tous ces costumes de vent, ces manteaux poids plumes, ces chemises atmosphériques, qui donnent immédiatement la sensation du voyage. 

 

Au-delà de la performance et de l’innovation, ce qui frappe, c’est d’abord la grâce, la délicatesse d’un héritage : sans rien peser, tout l’esprit du créateur est là, magistralement incarné par ces présences à la fois concrètes et immatérielles, fonctionnelles et poétiques. Alors que des panneaux striés se balancent dans la lumière, les mannequins surgissent, portant ces ensembles dont les imprimés rappellent tour à tour des vues du ciel, une cartographie imaginaire, des murs de fresques tamponnés à l’éponge.  Ni tout à fait poncho ni tout à fait cape, le vêtement laisse les bras libres, le contraste est subtilement offert entre les quadrillages polychromes et les lignes des plissés, la légèreté des matières, tour à tour sensuelles et craquantes comme du papier, les fluos et les pastels, un fondu dilué de parmes, mangues et jades aquarellés. Poches mouchoirs, veste chemises, plissés accordéons, tie-dye dans la brume, la beauté est là, agile avant tout. 

 

Ces origamis célestes chantent la fidélité à un style, une vision, tout en la projetant de manière contemporaine dans notre époque. Un manteau s’accroche sur les épaules avec des bretelles, les ceintures sont des cordons de resserrage, on a le sentiment qu’une toile de spi vient donner son élan à un voilier, en pleine mer, en ville, au bord de la canicule et d’un orage annoncé. Soudain, le défilé s’achève, et le soleil revient, s’invitant presque surnaturellement dans cette fête singulièrement aérienne. « Mon regard se porte toujours vers le futur, jamais vers le passé. J’ai la conviction profonde que le bonheur et la joie résident dans la perspective positive », assurait Issey Miyake. Un message de vie, une confiance bien transmise.