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Haut les mains : Namacheko

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Namacheko : une histoire de famille

Dilan et Lezan Lurr, ce sont d’abord un frère et une sœur originaires de Kirkouk, dans le Kurdistan Irakien, une région bordée par l’Iran, la Turquie, la Syrie… Avec leurs parents, ils sont arrivés en Suède en 2007, s’il compte encore des cousins peshmerga (« celui qui affronte la mort »), Dilan vit à Anvers depuis 2018. Avec sa sœur, désormais à Londres, ils ont créé ensemble en 2015 la marque Namacheko. Pendant le Covid, elle a arrêté pour se consacrer à la décoration, et Dilan continue en solo, « même si dans la mode, on n’est vraiment jamais seul ». 

Il dessine, il coupe, coud un peu. Il a fait des études d’ingénieur, et le poids d’un tissu, d’une construction est aussi important à ses yeux que le dessin. Du cardigan Klaus bleu en mohair au gilet Harry vert forêt, chaque collection est un voyage tissé, une manière, dit-il -d’exprimer « des sentiments ». 

« Il n’y a pas beaucoup de références visuelles. C’est un questionnement sur l’exil, l’identité, la mémoire confisquée. Pour cette collection été 23 présentée à l’Ecole Duperré, il a effectué des recherches sur tous ceux qui ont laissé des traces, de Gengis Khan, à l’administration britannique.  Tous les vêtements portent des prénoms de femme Samira, Faiza, Shanaz. Il y a beaucoup de tye dye, de macramé, de broderies réalisées à la main, de guipure. « Ils font des tapis, mais en matière de vêtements, l’artisanat a totalement disparu. Pour moi, le travail manuel est une manière de me reconnecter à mon passé et à mes souvenirs d’enfance, quand j’allais avec mon père chez le tailleur. »