Haut les mains : Nix Lecourt Mansion
GLITTER PARADE
« Je me maquille mais pas énormément, et d’ailleurs, plus j’y passe du temps, plus j’ai l’impression que c’est raté. Mais j’accorde un soin particulier à mes mains. Ce sont mes outils de travail. Même si je travaille plus le clavier d’ordinateur que les tissus actuellement. En tant que couturière, j’ai besoin d’avoir les ongles faits » assure Nicolas Lecourt Mansion. « C’est ma mère qui m’a transmis cela. Elle travaillait dans les ressources humaines, elle regardait toujours les mains des gens, car cela révélait le soin qu’ils apportaient à leur métier ».
Ses mains donc, comme des armes pour se défendre, avec des tweeds criblés de strass, des ensembles qui flamboient dans la nuit, entre ombres et transparences. Un prêt à porter cosmétique, à fleur de peau donc, et d’une identité réinventée : « lors de mon premier show, la manucure @anaegoumry avait recouvert les ongles de cristaux Swarovski, qui faisaient écho aux vêtements » assure la créatrice trans. « J’aime tout ce qui brille. Quand j’étais petite je faisais des bagues en perles que je vendais à mes copines, j’ai toujours aimé le dessin. » Son premier vêtement, elle l’a t’aillé dans un tissu d’ameublement : « j’avais mis ma petite sœur dedans, on aurait dit qu’elle était possédée, avec un bras derrière la tête. » Vinrent les cours du soir, l’apprentissage, l’expérience. Aujourd’hui elle sait tailler un vêtement de A à Z. « La main est toujours très importante, le point principal c’est que tout doit être bien fini. » Elle précise : « Une bonne couturière sait comment un tissu va réagir ; quand on travaille le biais, si on pique sans protection derrière, le tissu peut fondre, réagir, s’échapper. Il faut le maintenir. On ne peut pas aller trop vite. ».
Il faut l’entendre parler de ses ongles justement, caressant la mousseline pour en effacer les bosses, sans la griffer. Pour célébrer à travers la lumière, la vulnérabilité, prélever des morceaux de tissus, et révéler le corps sous toutes ses facettes. « Revenge look », tel est le nom de la collection présentée le 5 mars au Garage Amelot. « On a pas mal de pièces « couture », beaucoup de points à la main sur des matières délicates, comme l’organza, la mousseline, l’ottoman. J’ai récupéré des étoffes en provenance d’ateliers qui fermaient, et j’ai recyclé des vêtements de ma première collection, je trouvais dommage de laisser dormir des chutes : j’ai transformé un manteau en robe. » Et de préciser : « J’aime l’hybridation, tout ce qui est beau se soumet à la transformation. Plus le matériau est solide, plus il tiendra longtemps. « Le geste qui l’émeut le plus ? « Une caresse, forcément ». Celui qui l’énerve en particulier ? : « Qu’on me vole des doigts ma cigarette ou mon pétard ».