SPHERE Paris Fashion Week® Showroom
Par Laurence Benaïm
« En géométrie dans l'espace, une sphère est une surface constituée de tous les points situés à une même distance d'un point appelé centre » assure le dictionnaire. A Paris, le mot prend sa dimension avec une majuscule. Financé par le DEFI et par L'Oréal Paris, SPHERE Paris Fashion Week© Showroom a été lancé en janvier 2020 par la FHCM. Avec quatre sessions par an (2 pour la mode masculine et 2 pour la mode féminine) elle réunit à chaque session au Palais de Tokyo 5 à 8 marques (dont 8% sont basées à Paris et 20% à l’international).
Les critères de sélection pour intégrer le showroom ? Être une marque des calendriers officiels Paris Fashion Week ou gagné un prix international (Festival de Hyères, LVMH Prize, ANDAM, Yu Prize, Woolmark). Les candidatures sont présentées à un comité composé de 6 experts qui approuve et finalise la sélection pour chaque session. Parmi les créateurs présents à SPHERE depuis son lancement, on compte Arturo Obegero, Bluemarble, Christoph Rumpf, EGONlab, Ester Manas, Germanier, Louis Gabriel Nouchi ou Thebe Magugu. Plateforme plus qu’incubateur, Sphère se décline également depuis juin 2020 en digital avec Le New Black, partenaire de la FHCM.
Cette saison, cinq créateurs sont au rendez-vous : Lucille Thièvre, Maitrepierre, Rolf Ekroth, Benjamin Benmoyal, Florentina Leitner, styliste autrichienne basée à Anvers, diplômée de l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers et dont les imprimés ont séduit Lady Gaga, Kylie Jenner, Charli XCX et d’autres. « La collection est inspirée par le film Picnic at Hanging Rock » assure-t-elle à propos de ce long métrage de Peter Weir (1975), qui a déterminé ce mélange d’éléments ultra délicats, -comme la dentelle néo victorienne et les nuances pastelles- à des touches très rock, en mode « edgy vegan ». SPHERE a été aussi l’occasion de mieux enraciner sa présence à Paris, comme en témoigne la collaboration avec la créatrice de bijoux Helena Thulin.
« SPHERE ? Un sacré step, une consécration » assure la corrézienne Lucille Thièvre, originaire de Brives la Gaillarde, et qui a fréquenté le même lycée que Marine Serre. « J’y vois un grand soutien de la Fédération et de la profession, et une chance de pouvoir développer les ventes dans un environnement bienveillant. L’aventure du show-room peut être assez violente pour des jeunes marques. Se retrouver dans une telle institution, avec des visiteurs de qualité, c’est très valorisant. Cette expérience nous tire tous vers le haut ». Pour l’été 2024, elle a retravaillé ses codes signature : « Des pièces ultra féminines, beaucoup de plissés, des laçages, et des matières brillantes, des boucles en verre pour fermer les vêtements » Ce qui m’intéressait dans des maisons de luxe, c’était le côté très artisanal » assure cette transfuge de Givenchy. « C’est ce qu’on essaie de mettre en avant tout en restant dans une réalité d’aujourd’hui. « My eighties » un hommage aux années quatre-vingt vues sur ma mère.
Cette dimension à la fois documentaire et émotionnelle, on la retrouve encore chez Benjamin Benmoyal, pour la dernière saison consécutive (car c’est la 6è fois), qui est parti des dessins naturalistes d’Ernest Haeckel, philosophe et libre penseur allemand, comme de ses propres photos prises à Yaffo ou à Cesarée, pour célébrer une saison « très estivale et reposante » en 33 looks, mêlant notamment jacquards aux imprimés floraux et tissages berbères. C’est sa dernière fois à Sphère, la sixième donc. « Sans Sphère, je ne pense pas que j’aurai commencé à vendre. Les premiers acheteurs sont venus pour l’été 2021 grâce à ce show. Les boutiques n’étaient que 4 alors, elles sont 25 désormais ».